INTRODUCTION

Dans l’entraînement sportif, il est essentiel de reconnaître l’importance des standards de mouvement dans le processus d’apprentissage, de développement et de progression des individus. Les standards de mouvement servent de référence pour évaluer la qualité et l’efficacité gestuelle de l’athlète.

Établir des standards de mouvement clairs et précis permet de guider les individus dans l’acquisition de nouvelles compétences motrices. Ces standards permettent de définir les bonnes pratiques et les erreurs à éviter, facilitant ainsi l’assimilation des gestes techniques appropriés. Trajectoires, amplitudes, positions, critères de performance, points de passage ou de contact… de nombreux éléments sont liés aux standards d’exécution.

Dans le processus de développement, les standards jouent également un rôle fondamental dans l’identification des points forts et des faiblesses des individus. En évaluant régulièrement la conformité aux standards établis, il est possible d’établir un suivi des performances et d’ajuster les programmes d’entraînement en conséquence pour favoriser une évolution continue.

Enfin, les standards de mouvement permettent de fixer des objectifs réalistes, et surtout mesurables, pour accompagner les pratiquants dans leur évolution. En se basant sur ces références, il est possible de définir des étapes intermédiaires et des indicateurs de performance pour garantir une progression sûre, efficace et pérenne.

LES LIMITES D’UTILISATION

A l’opposé, il est important de reconnaître que la sur-utilisation des standards de mouvement peut parfois constituer un frein à la progression des individus. Bien que les standards de mouvement soient essentiels pour évaluer la qualité des gestes techniques et guider l’apprentissage, une dépendance excessive à ces normes peut limiter le potentiel de développement des athlètes ou les compétences d’un professionnel du coaching.

CHEZ L’ATHLETE

Du côté de l’athlète, des standards de mouvement trop rigides et stricts, sans étapes de progression et sans une compréhension profonde du mouvement, risquent de restreindre ses capacités. S’il n’a qu’un standard de répétition sur lequel se focaliser, il sera difficile pour lui de l’atteindre par manque de compréhension et de connexion mind-muscle. Le bon recrutement musculaire, les sensations, la trajectoire, l’identification des facteurs limitants, les positions intermédiaires et chacun des aspects d’un geste doivent être compris pour garantir une réalisation exacte et repérable d’un mouvement. Il est donc crucial de se servir des standards comme d’un objectif à atteindre, mais sans oublier ni dégrader le processus d’apprentissage des mécaniques, structures et engagements initiaux.

CHEZ LE COACH

Du côté du coach, un professionnel du coaching se concentrant uniquement sur les standards de mouvement arrêtera progressivement de réfléchir de façon logique. Il perdra sa capacité à évaluer la pertinence d’un exercice, cessera d’aborder les mouvements par leur mécanique et leur fonction premières, proposera de plus en plus d’adaptations visant à contourner une problématique plutôt que de la résoudre, et deviendra incompétent voire dangereux pour sa clientèle.

L’adaptation des mouvements en fonction des besoins spécifiques de chaque individu n’est possible qu’en acceptant d’exiger des standards à condition qu’ils n’entraînent pas de négligence des fondamentaux. Une approche plus flexible et intelligente sera plus appropriée en termes de progression. Elle permettra d’éviter les adaptations dites compensatoires, trop souvent utilisées, qui ne visent non pas à emmener l’athlète vers un standard plus élevé, mais seulement à contourner pour une option de remplacement.

STANDARDS ET BLESSURES

Chez l’athlète qui souhaite progresser, un focus maladif sur un standard de mouvement peut créer des blocages mentaux significatifs. Lorsqu’il devient obsédé par l’atteinte d’un standard de mouvement spécifique, cela peut entraîner plusieurs conséquences négatives sur son développement et sa performance.

Dans un premier temps, une concentration excessive sur un standard de mouvement peut engendrer une pression psychologique importante lorsque l’athlète ne parvient pas à l’atteindre, sans comprendre pourquoi. Il aura alors tendance à créer des œillères qui perturberont la fluidité des gestes et limiteront ses capacités. Il sera obstiné par le fait de vouloir atteindre le standard plutôt que de s’appliquer et de s’impliquer à 100 % dans la réalisation de son geste, ce qui produira tout à fait l’inverse de l’objectif premier. S’ensuivra alors un cercle vicieux dans lequel l’athlète associera son échec à soi-même plutôt qu’à un manque de progressivité, ce qui peut affecter sa confiance en soi et entraîner une perte de motivation et d’engagement, allant jusqu’à l’abandon ou l’arrêt de la discipline.

Dans un deuxième temps, la “fixette” sur un standard peut également augmenter le risque de blessures chez l’athlète. En cherchant à tout prix à reproduire un mouvement standard, l’athlète peut négliger les signaux de son corps et forcer des positions qui ne sont pas appropriées. Il privilégiera les compensations pour réussir à tout prix, augmentant ainsi le risque de blessures musculo-squelettiques. Là aussi, un cercle vicieux se créera, multipliant les compensations pour éviter d’éventuelles douleurs ou contraintes.

L’APPROCHE IDEALE

En préparation physique, il est parfois plus pertinent d’opter pour une adaptation cohérente avec les difficultés rencontrées par l’athlète plutôt que de se focaliser strictement sur un standard d’exécution. Chaque individu est unique, avec ses propres caractéristiques anatomiques, antécédents de blessures, niveaux de condition physique et objectifs. Par conséquent, il est essentiel d’adopter une approche plus flexible, individualisée et en adéquation avec les facteurs limitants, pour garantir des progrès optimaux et réduire les risques de blessures.

Lorsqu’un athlète rencontre des difficultés à atteindre un standard d’exécution prédéfini, il est important de prendre en considération les facteurs incapacitants et d’adapter le mouvement en fonction. Cette adaptation peut inclure des ajustements dans la technique, l’amplitude, la charge, la vitesse d’exécution ou même le choix d’exercices alternatifs, mieux adaptés en fonction du contexte.

En faisant correspondre l’adaptation avec les difficultés rencontrées par l’athlète, vous garantissez une progression plus sûre et plus efficace. Plutôt que de forcer l’athlète à reproduire un mouvement de manière rigide et contre nature, il est préférable de travailler en collaboration avec lui pour trouver des solutions qui lui permettent de surmonter ses limitations tout en respectant ses capacités et l’essence du mouvement.

En fin de compte, l’objectif est de proposer une stimulation appropriée pour faire évoluer le pratiquant tout en respectant une certaine chronologie d’apprentissage. Cela permettra de préserver sa santé et son bien-être.

CONCLUSION

Il est donc essentiel de trouver un équilibre entre l’utilisation des standards de mouvement comme référence et la capacité à adapter ces normes en fonction des besoins individuels. Une approche plus holistique et personnalisée, qui prend en compte la diversité des profils, des objectifs et l’essence même des mouvements, favorise une progression plus harmonieuse et efficace. Attention, il ne s’agit pas de trouver des adaptations visant à proposer une alternative, mais bel et bien de construire une évolution pertinente garantissant l’évolution de l’athlète vers le standard final de référence.